un jour
elle s’est pendue à un fil à linge bleu
nos yeux furent griffés
grillés
par un gel très fort
tout ce que nous avions vu
su
est tombé en morceaux
nous avons assisté à cela
sans rien avoir pu arrêter
se forma l’abîme
le soleil continuait
à faire le ciel
ou la pluie selon
sans que cela nous atteigne
des jours, des mois, des années
puis nous avons bougé
avons fait un grand écart
sur la carte
du nord vers le sud
d’ouest en est
nouvelle terre
nouveau départ ?
est-il possible de se sortir
la tête de l’eau roide
et d’être ailleurs ?
dés arrivé ici même
nous nous mettons dans le paysage
les yeux y sont fortement réclamés
contrairement aux arbres
les yeux courent partout
voient partout de bonnes idées
des envies de ceci
des inclinaisons pour cela
quelques appétits pour ci et ça
la tête court toujours derrière
moins prompte et agile
elle s’essouffle
n’a pas le temps de
que déjà les yeux là, ci et ça
elle en perd un peu les pédales
ça se superpose, s’emmêle en elle
et tête se met à genoux
autant pour quémander une pause
que pour boire au robinet
au moins cela l’éloigne un peu de la fatigue
de la lasse et basse tête
des jours anciens
aujourd’hui
qui sait pour demain ?
nous allons poches retournées
à nos côtés pas le moindre petit chien
dans les mains juste rien
allons, nous éloignant
de l’apparence de celui qui fut
patientant d’être empli de lait, de pain
de quelques menues choses
écrites au crayon fin
là
une fourmi viendrait sur notre chaussure
que nous aurions peut-être science et patience
de lui apprendre à danser
nous avec
on avance
passe la porte
le portillon
on prend la pente
dans un sens, l’autre
on va
tentant de s’éloigner de soi
de se laisser adossé
là-bas contre la souche
en attendant
les mots
les mêmes
tournent et tournent
sous le crâne
se fatiguent
tournent moins
moins haut
moins large
cela forme finalement
un entonnoir dans le paysage
dans lequel lentement nous nous glissons
et puis quoi ?
assis à la table
nous attendons
que lune ou soleil éclaire la main
ou la déserte